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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 01:05

 

Il est 17 heures, François Hollande vient d'achever son discours et La Marseillaise laisse la place à l'hymne de la campagne, "Le changement c'est maintenant". D'habitude, c'est le moment où le candidat socialiste descend de la scène pour profiter d'un bain de foule, où les journalistes plient bagage à toute vitesse pour aller cueillir des réactions à la sortie, où le public quitte les lieux en quelques minutes.


Il en aura été tout autrement ce dimanche 29 avril. François Hollande, manifestement, ne voulait pas quitter l'atmosphère, il est vrai d'une chaleur rare, du Palais Omnisports de Paris-Bercy rempli de 22 000 personnes, selon le PS. Alors il est revenu à son pupitre, sous l'oeil étonné d'un officier de sécurité, et à la surprise de ses proches, et s'est remis à parler. Cinq bonnes minutes d'improvisation pour inciter les Français à "agiter le drapeau du changement, de la République et de la France".

Leur demander de mobiliser autour d'eux pour aller voter, et les inviter à l'accompagner "jusqu'au bout", c'est-à-dire jusqu'au soir du 6 mai, ce jour où, jure-t-il, "une majorité va surgir, un nom va être proclamé et un visage va apparaître, celui de la France".


"JE VEUX RECONQUÉRIR LES HOMMES ET LES FEMMES EN COLÈRE"


Pour le reste, n'étaient les "on va gagner" et les "François, président !" plus nombreux que d'habitude, les deux drapeaux, français et européen, que François Hollande a pour la première fois brandi. "Depuis des mois, les peuples européens regardent vers la France (...) je sens les positions, les positions des chefs de gouvernement conservateurs évoluer en fonction des pronostics. Nous serons là au rendez-vous!", a-t-il lancé.


Dans la fosse, la brochette de personnalités qui avaient fait le déplacement comptait le ban et l'arrière ban du PS mais aussi quelques figures du monde du spectacle comme Pierre Arditi, Josiane Balasko, Vincent Lindon ou Catherine Lara. Le rassemblement de ce dimanche était d'un grand classicisme. Et le discours s'écoutait comme une synthèse, en somme, des messages distillés par le candidat socialiste depuis le soir du premier tour.


Premier message : faire de Nicolas Sarkozy le candidat de la "division". Sans le nommer, François Hollande s'en est pris à "ceux qui craquent les allumettes, qui allument les mèches, qui jouent avec le feu, qui mettent l'étranger au coeur de cette campagne et qui ne seront pas entendus, ceux qui opposent les Français entre eux, qui mettent en cause les pauvres parce qu'ils seraient des assistés, ceux qui font peur avec une religion. "


Deuxième message : montrer que prendre en compte la poussée du Front national n'implique pas d'en adopter le discours. "Je comprends la souffrance de beaucoup. Je veux reconquérir les hommes et les femmes en colère, qui parfois s'abandonnent, oui, 100 fois oui. Mais promettre ou se compromettre, mille fois non", a lancé François Hollande, qui a déroulé de façon plus détaillée que d'habitude une partie de ses "soixante engagements pour la France", notamment en matière d'emploi et de pouvoir d'achat, et consacré quelques minutes de son discours à la "moralisation" de la vie publique, dont il sait qu'elle est chère aux électeurs de Marine Le Pen et de François Bayrou qu'il entend convaincre pour le second tour.


"LA RÉPÉTITION D'UN MENSONGE N'A JAMAIS FAIT LA VÉRITÉ"


Troisième message, enfin : briser les caricatures dans lesquelles la droite essaie de l'enfermer. Assumant pleinement sa proposition d'accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales, le candidat socialiste a martelé son attachement à la laïcité. Il est notamment revenu sur le prétendu soutien que Nicolas Sarkozy l'accuse d'avoir obtenu de la part de " 700 mosquées " et du théologien suisse Tariq Ramadan. "Quitte à proférer un mensonge, il aurait pu dire 700 églises ou 700 temples ou 700 synagogues, non, 700 mosquées ! Que voulait-il insinuer ?", a ironisé M. Hollande, avant de préciser qu'il "aurait bien sûr renié [le] soutien" de M. Ramadan si celui-ci le lui avait manifesté.


"La répétition d'un mensonge n'a jamais fait la vérité mais quand on est président de la République - encore pour 7 jours ! - le premier devoir, c'est celui de respecter la vérité ! ", a lancé le candidat socialiste, avant d'anticiper sur sa victoire, qu'il sent " à portée de main ". De promettre la fin de l'" arrogance ", des " privilèges ", de la " brutalité " et des " injustices ". Et d'assurer, comme pour déjà habituer ses auditeurs à le voir en porte-parole de la France sur la scène mondiale : "Je veux que le 6 mai soit une bonne nouvelle pour les démocrates et une terrible nouvelle pour les dictateurs".

 

 

Thomas Wieder

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